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Olga, « Où sont mes couleurs ?»

    Ce n’est qu’à l’automne de ses 25 ans qu’Olga s’est rendue compte combien la couleur était essentielle pour elle.

    A vrai dire, jusque là la couleur était tellement présente dans son quotidien qu’elle n’en mesurait pas l’impact. Présente dans l’exubérance des fleurs, dans la variété des fruits, dans l’espace illuminé par un soleil généreux et tellement puissant que des lunettes de soleil étaient toujours indispensables en journée. En Colombie, la couleur, on y a droit toute l’année, on est à l’équateur, il n’y a pas de saison.

    La Belgique, la mode et l’automne

    Heureusement, Olga est arrivée en Belgique en été, petite consolation pour s’habituer au climat tempéré. Et même si la mode estivale belge manquait un peu d’audace colorée, Olga dénichait toujours l’une ou l’autre tenue vive et gaie et, à défaut, pouvait se rabattre sur ses vêtements colombiens. Mais à l’automne, à ce moment où le ciel gris est si bas, où la pluie et le vent fouettent, où le froid et l’humidité s’insinuent dans nos vêtements, Olga se demandait « mais où sont mes couleurs? ».  Ses vêtements colombiens devenus trop légers n’étaient plus d’aucun secours. Dans le prêt-à-porter, les quelques tons joyeux de l’été avaient disparu au profit de tons sourds. Un sacré coup au moral.

    Par contre, à la campagne, elle découvrait la splendeur de la nature automnale: la beauté des tapis de feuilles, la variété de leurs verts, jaunes et rouges, tout lui semblait magnifique. En Colombie, des feuilles tombent toute l’année, mais jamais les arbres n’offrent un tel festival de couleurs.

    Trouver sa palette


    En Colombie, Olga n’aurait sans doute pas choisi ces bleus et ces bruns

    Chaque année, Olga attendait avec appréhension la mode automnale qui semblait ignorer ses goûts et ses besoins. Et pourtant, tout n’était pas gris et la plupart des femmes semblaient heureuses de porter ce que la mode leur proposait; certaines couleurs mettaient même leur teint en valeur. « Et pourquoi pas le mien ? » pensait Olga. Après neuf automnes, pour éviter la mini dépression saisonnière, Olga a cherché de l’aide… auprès d’une styliste.

    Elle a découvert avec elle des bleus foncés, des gris colorés, des tons qu’elle n’aurait jamais pensé porter avant et qui pourtant lui allaient bien; elle a appris à les aimer… Si en Colombie elle appréciait uniquement les couleurs fortes, en Belgique elle a découvert les bruns, les terres, les tons doux mais malgré tout lumineux. Avant, le gris lui évoquait surtout l’uniforme, elle ne l’aurait jamais invité dans sa garde-robe. Bon, si elle en porte volontiers aujourd’hui, il n’est jamais parfaitement neutre et est toujours associé à une autre couleur de la palette identifiée par la styliste. Pendant quelques années la pochette d’échantillons colorés accompagnera Olga dans son shopping. A présent, elles les a parfaitement assimilés et s’autorise aussi bien sûr à sortir de la gamme, selon ses envies.

    Le matin, avant de partir au travail, Olga choisit les vêtements qui correspondent le mieux à son humeur comme elle choisit un morceau de musique, tout en gardant à l’esprit les contraintes de confort ou de standing exigées par le programme de la journée.

    Comment tirer parti des contraintes?


    Une mise en perspective accentuée par une gamme colorée en harmonie avec le séjour, déclinée en sombre à gauche, en clair à droite, tandis que des objets de couleurs vives animent une étagère du salon

    Finalement, le climat n’est qu’une contrainte. L’automne et l’hiver inspirent plus volontiers aux stylistes belges des tons froids et relativement sombres. Olga les a adoptés. Pour la décoration de la maison, le couple est également parti d’une contrainte. Lors de la rénovation, leur architecte a proposé une couleur vert-bronze pour la porte de garage et les châssis donnant sur la rue, intégrant de ce fait la façade dans l’harmonie de ce quartier juif d’Anvers. Du coup, pour leur intérieur, ils sont partis de ce vert pour le décliner dans différentes nuances dans le séjour et sur les portes y attenant.

    Par contre, pour la cuisine donnant sur le jardin, ils projettent un jaune vif et lumineux. D’ailleurs, en attendant, les accessoires de couleurs vives dominent: poubelle jaune, frigos rouge et jaune pétant, étagère rose, sans parler de la vaisselle des enfants aussi colorée qu’amusante.


       

    Dans son métier d’ingénieur, Olga voudrait aussi apporter de la couleur, notamment dans la visualisation des images de sonar qu’elle traite pour mettre en évidence la présence de mines sous-marines, persuadée que des échelles colorées permettent une meilleure distinction des éléments suspects.

    La couleur dans l’assiette

    S’il y a bien un domaine où la couleur est fondamentale pour Olga, c’est dans l’assiette! Un plat « pâle » et le goût lui paraîtra fade; un poisson blanc accompagné de pommes de terre et de choux fleur nappé de sauce blanche, bonjour la déprime! Peut-être un peu de persil suffirait-il à égayer une telle assiette et dès lors, exciter ses papilles… En tout cas, dans la cuisine d’Olga, bienvenue aux poivrons rouges et vert, au piment, coriandre et tomates, ou à tout ingrédient qui égayera de sa couleur les éléments du plat.

    L’art dans l’éducation

    Olga et son mari aiment les visites dans les musées, les biennales d’art et y emmènent régulièrement leurs enfants; c’est le deal: un temps pour les distractions des enfants, un autre pour celles des parents. Comme tous les enfants, Luca et Nora adorent la couleur…et sans doute un peu plus, stimulés par l’univers de leur grand-père peintre et par leur parents amateurs d’art.

     
    Trois violons dans la maison: Olga a transmis à Luca (8 ans) et Nora (6 ans) les deux petits violons sur lesquels elle a fait son propre apprentissage.

    Olga regrette que son apprentissage scolaire ait été focalisé uniquement sur les mathématiques, ignorant toute forme d’expression artistique. Totalement? A l’école du moins, car très jeune elle a étudié le violon, passion qu’elle a transmise à ces deux enfants; ils apprennent le violon selon la méthode Suzuki, une pédagogie basée sur le principe d’apprentissage de la langue maternelle. En tout cas, pour ses enfants, elle trouve l’éveil à l’art, au travers de la musique et la peinture, fondamentale pour la construction de leur esprit et comme un socle pour leur vie.

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    2 commentaires sur “Olga, « Où sont mes couleurs ?»”

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